Les experts ne cessent de le répéter : nous sommes dans la « décennie cruciale », un véritable point d’inflexion où nous avons encore la capacité et donc l’obligation d’agir. Et d’agir vite. Notre monde se caractérise par sa volatilité et son incertitude, ce que les dernières années n’ont fait que confirmer avec la multiplication de crises globales.  

Il serait compréhensible de perdre un peu courage face aux défis auxquels nous devons faire face ou de tomber dans un certain immobilisme face à l’ampleur du changement nécessaire. Mais je crois fondamentalement à l’action et je vois d’innombrables sources d’optimisme : que ce soit auprès de caféiculteurs protecteurs de la nature, auprès de mes collègues dans nos centres de R&D, dans nos usines et tout au long de notre chaine de valeurs ou encore auprès d’étudiants et jeunes professionnels qui prennent tous ces défis à bras le corps et innovent pour trouver des solutions car elles existent.  

La durabilité est inhérente au business model de Nespresso. Nous sommes nés il y a plus de 30 ans de la volonté d’offrir des cafés d’exception aux amateurs du monde entier, à la simple pression d’un bouton. Nous avons compris très vite l’importance de protéger le café et ceux qui le cultivent : c’est ainsi qu’est né le Nespresso AAA Sustainable Quality™ Programme en partenariat avec l’ONG Rainforest Alliance pour aider les caféiculteurs à améliorer la qualité et la productivité de leur récolte, en augmentant les pratiques environnementales et en protégeant la nature dans et autour des fermes.  

Je reçois souvent des questions, voire des critiques, sur les capsules en aluminium qui protègent nos cafés et permettent aux consommateurs d’obtenir un café d’exception chez eux, au restaurant ou au bureau. Mais comme souvent dans la durabilité, la perception est très différente de la réalité. Là où beaucoup voit un déchet, je vois une solution durable de consommer notre boisson préférée. En effet, lorsqu’on regarde les analyses de cycle de vie, on découvre que c’est la production de café vert et l’énergie nécessaire pour chauffer l’eau et extraire le café qui sont les sources principales de l’impact environnemental d’une tasse de café. Notre système permet d’utiliser la juste dose de café, d’eau et d’énergie pour chaque tasse – ce qui permet d’avoir un impact environnemental inférieur à une tasse préparée avec une machine à grains. Je suis conscient que cela peut surprendre. Je partageais les questions que beaucoup se posent sur les capsules mais il est crucial de regarder les faits scientifiques et les comprendre- cela permet d’éviter les idées reçues ou le « greenwashing ». Bien évidemment, ce n’est pas parce que le packaging ne représente qu’une petite partie de l’impact environnemental d’une tasse de café que nous n’y attachons pas d’importance. Un packaging circulaire que nous pouvons recycler et qui sera réutilisé est bien sûr l’approche optimale que nous souhaitons promouvoir. Nous avons choisi l’aluminium qui est le meilleur matériau pour protéger le café et qui est en plus entièrement recyclable. Nous avons mis en place des systèmes de recyclage et travaillons avec de nombreux acteurs du secteur pour assurer une chaine de valeur de l’aluminium plus durable. Nos capsules sont d’ailleurs faites avec plus de 80% d’aluminium recyclé. Nous avons annoncé récemment une capsule compostable, fabriquée à base de papier pour les consommateurs qui préfèrent composter.  

Je prends ces exemples pour illustrer notre démarche, que nous voulons holistique, tout au long de la chaine de valeur. Ils illustrent aussi l’importance des partenariats : nous n’arriverons à relever les défis qui nous font face qu’ensemble. C’est la raison pour laquelle nous avons rejoint le mouvement B Corp l’année dernière. Au-delà d’une reconnaissance du travail effectué, cette certification représente, surtout pour moi, un point de départ pour l’accélération nécessaire de l’ensemble de nos efforts. Cette certification, qui a pris plus de 3 ans avec plus de 14 000 points de données fournis, nous a permis d’identifier des axes d’améliorations pour définir notre stratégie d’ici à 2030 et au-delà. Elle a également renforcé la fierté et l’engagement de toutes nos équipes en interne.  

Enfin, elle nous a permis de rencontrer d’autres acteurs du mouvement B Corp et de lancer des initiatives comme le Swiss StartCup Challenge, pour trouver de nouvelles solutions et des idées innovantes au niveau local. Voir les idées de ces Start-Ups en Suisse n’a fait que confirmer ma confiance et mon optimisme : les solutions et les idées existent et n’attendent qu’à être mises en œuvre, ce que nous faisons avec quelques-uns des gagnants de l’année dernière.  

Je finis par une anecdote récente. Je rentre d’un voyage au Brésil, auprès des caféiculteurs partenaires du programme AAA. L’enjeu de la transition vers l’agriculture régénératrice est crucial : nous ne pourrons décarboner notre chaine de valeur qu’en limitant l’impact environnemental généré dans les fermes. Avec des pratiques soucieuses de l’environnement, nous savons que beaucoup de fermes avaient déjà réussi à réduire drastiquement leur impact carbone. Mais ce que j’ai découvert était au-delà de mes espérances. J’ai visité deux fermes qui, à travers l’application de méthodes régénératrices, avaient non seulement réussi à baisser leur impact environnemental mais réussi à devenir une sorte de puit de carbone. C’est-à-dire qu’elles séquestrent plus de carbone qu’elles n’en émettent, prouvant qu’il existe un chemin vers la nette positivité. Je ne nie pas la difficulté ou les efforts nécessaires bien sûr mais cela ouvre un vrai champ des possibles pour l’ensemble de la filière café.  

Je crois sincèrement que la durabilité, la circularité sont des éléments sans lesquels aucune entreprise ne peut réussir : ce n’est plus optionnel. Mais il est crucial de les voir non pas comme une obligation couteuse mais bien une opportunité d’innovation, une véritable source de valeur durable et de différentiation. 

Guillaume Le Cunff, CEO Nestlé Nespresso S.A